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La fin du Libor en 2021?

La fin du Libor en 2021?

Publié le 30 oct. 2018

La fin du Libor en 2021 

Ça y est, la nouvelle est tombée, c‘est officiel, et la tempête gronde dans l’esprit des inquiets. La météo financière lance une alerte. Quel est cet orage qui se prépare? On parle de la fin du Libor en 2021. Qu’est-ce que cela veut dire? Est-ce la fin du monde ou seulement une tempête qui sera maitrisée et transformée en bonus? Au niveau taux, comment cela va-t-il se passer? Le remplacement sera-t-il arbitrairement appliquée par la banque? Vont-ils remplacer un Libor à -0.75% par un nouveau fixe à +4.9%? Et si c’était vrai?

 

Le rôle du Libor

Oseront-ils seulement placer un taux à 4.9% pour remplacer l’ancien? Peut-être pas, mais ce sera peut-être l'occasion d'augmenter les marges de manière invisible, mais efficace. Ou de choisir un indice qui est plus favorable à la banque. Car l'indice est un support de calcul. La banque n'est pas forcée de l'utiliser pour son refinancement. En réalité, ces taux de référence ont souffert des magouilles de manipulation et des transformations du marché. Et les banques centrales ou régulateurs ne savent plus comment faire pour leur trouver un remplaçant. Pendant l’été, la BCE s’est penchée sur la nécessité d’un nouveau taux de référence. Ce travail illustre un progrès dans la tentative de restructuration des taux de référence interbancaires. Un taux comme le Libor ou l’Eonia sont des valeurs actives sur les marchés financiers, que ce soit pour des produits dérivés, des crédits aux entreprises ou encore des prêts hypothécaires.

 

Calmer les magouilles

Tout le monde le sait depuis un bon moment. Professionnels des marchés, régulateurs financiers et banques centrales, tous savent combien les valeurs de référence ont besoin d’être sérieusement repensées.  Certains observateurs ont montré qu’un certain nombre de banques avait cherché à les manipuler à leur avantage pendant la crise. Pour éviter une telle cacophonie, les régulateurs ont proposé de ne plus calculer ces références à partir des seules déclarations des établissements bancaires, mais de les calculer sur des transactions réelles. Malheureusement, cette bonne idée s’est heurtée à la difficulté d’une mise en pratique. De fait, les autorités et les banques ont réalisé que les transactions manquaient pour bâtir un indice fiable.

 

Le taux nouveau est arrivé

Une étude montre qu’avec la crise, le marché des prêts interbancaires non sécurisés s’est soudainement affaibli. Or, le Libor est totalement impliqué sur ces marchés. Depuis peu, c’est vers une nouvelle référence, ancrée sur le marché en dollars des prêts sécurisés (repo), que se tournent les financiers américains. De fait, le régulateur financier anglais, la Financial Conduct Authority, a clairement laissé entendre que le Libor allait disparaître dès 2021 et qu’un nouveau taux de référence, appelé « Sonia », élaboré à partir de transactions réelles, pourrait être retenu.

Quand Sonia remplace Libor

Tous les espoirs se portent désormais sur Sonia. L’idéal serait d’en faire une référence pour les marchés des dérivés. Mais le Sonia pourra-t-il répondre aux attentes de chacun? La Financial Conduct Authority travaille pour répondre à la question fondamentale: le Sonia, porteur d’un taux au jour le jour, pourra-t-il se décliner en différentes maturités, comme le fait le Libor? Il faut en fait élaborer une nouvelle technique de calcul. La BCE travaille de son côté à la création avant 2020 d’un nouveau taux de référence pour les financements non sécurisés au jour le jour. C’est ainsi qu’un certain nombre de régulateurs financiers se sont réunis pour approfondir avec les banques la problématique des nouveaux taux de référence.

 

Un changement compliqué

Malgré une relative bonne volonté générale, il est difficile pour les banques et les entreprises d’imaginer le changement, pour la simple raison que le Libor sert à cadrer le prix des crédits aux entreprises. De plus, les contrats des crédits actuels ne renferment aucune clause concernant une possible disparition des taux. Le changement va être difficile. Pour l’heure, créanciers et emprunteurs n’ont encore trouvé aucun terrain d’entente pour affronter la transformation de leurs modalités de financement doté de nouveaux taux de référence.

 

Des manques dans les textes

Il est vrai que ces changements de taux restent pour l’instant plutôt abstraits. Selon Muriel Nahmias, directrice chez Redbridge DTA, « si tous les acteurs ne modifient pas leurs documentations financières pour faire face à l’arrivée des nouveaux taux, il pourrait y avoir des discussions sans fin entre les emprunteurs et les prêteurs. Du coup, on attend beaucoup de la Loan Market Association (LMA), pour sa capacité à établir des standards pour le marché du crédit. Il y a une sorte de vide juridique car, malgré des clauses en cas de perturbations et disparition temporaire des indices de référence, il n’existe pour l’instant aucune solution pérenne pour un basculement de l’ensemble du marché vers de nouvelles références.

 

La technique du cas par cas

D’aucuns se contentent d’être observateurs, d’autres tentent d’anticiper les conditions d’un changement rapide de taux de référence. Pour Louis de Longeaux, avocat chez Herbert Smith Freehills, « on essaie de mettre en place un assouplissement des règles de prise de décisions entre prêteurs et emprunteurs applicable au changement d’indice. » Dans le cas des entreprises, la problématique est de taille car, comme le résume encore Louis de Longeaux, « cet aménagement n’est pas toujours accepté par les banques ». Dans ce contexte, la BCE pourrait être amenée à durcir ses mesures.

 

Les IBORs pour un monde meilleur

Les autorités actives ont ensemble publié en 2018 une « Roadmap » sorte de synthèse des solutions envisagées. Ce rapport basé sur 150 établissements sondés laisse apparaitre une nécessité absolue de continuer à chercher encore la solution pérenne susceptible de s’imposer. Ainsi, l’ensemble du marché va devoir se soumettre aux IBORs (Interbank Offered Rates), qui pourront à terme fêter l’avènement d’un monde où des taux « sans risques » alternatifs s’imposeraient dans toutes les devises. Pour l’instant, les entreprises et particuliers qui s’endettent à taux variable se voient ainsi appliquer des Interbank Offered Rates (IBORs), sans parler de la marge visant à assurer l’emprunteur.

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