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Économie : la Parité entre le Franc Suisse et l’Euro est probable

Économie : la Parité entre le Franc Suisse et l’Euro est probable

Publié le 29 juin 2020

L’économiste en chef de la banque suisse UBS, Daniel Kalt évoque, dans une interview, la probabilité d’une évolution vers la parité entre le franc suisse et l’euro, dans les années à venir. Les frontières suisses se sont rouvertes à leurs voisins la semaine dernière, l’euro vacillait à ce moment-là en dessous de 1,07 CHF. La BNS (Banque Nationale suisse) essaie de garder une appréciation raisonnable du franc suisse, qu’elle a su maîtriser depuis l’abandon du plancher des taux de change, mais cela va-t-il durer ?

L’abandon du plancher du franc suisse

Pour comprendre le contexte actuel, faisons un rapide retour en arrière. Le 15 janvier 2015, la Banque Nationale suisse surprenait les observateurs du marché boursier par son annonce d’abandon du plancher du taux de change mis en place le 6 septembre 2011. Après cette annonce, le franc suisse avait gagné près de 30 % face à l’euro en seulement quelques minutes. Une aubaine pour les frontaliers qui devaient convertir leur salaire.

« Cette mesure exceptionnelle et temporaire a préservé l’économie suisse de graves dommages. Le franc demeure certes à un niveau élevé, mais depuis l’introduction du cours plancher, sa surévaluation s’est atténuée dans l’ensemble », avait expliqué la banque centrale ce qui avait été contesté par l’économiste de la banque Sarasin, Alessandro Bee, il argumentait : « L’explication selon laquelle la surévaluation a diminué a été totalement balayée en quelques secondes. Espérons qu’il s’agit d’un mouvement extrême et que la situation va vite revenir à la normale. C’est sans aucun doute dangereux pour l’économie suisse. » Initialement, cette mesure avait été prise en 2011 pour combattre la récession. En effet, la forte appréciation du franc avait engendré un désengagement massif de la part des investisseurs européens.

Il est important de comprendre qu’une appréciation forte du franc pourrait porter préjudice au pays. Effectivement, les retombées économiques pourraient être lourdes de conséquences, à savoir :

  • perte de compétitivité de la part des entreprises suisses pour qui l’exportation est primordiale ;

  • perte d’attractivité économique pour les investisseurs européens qui choisiront de s’implanter ailleurs ;

  • ainsi qu’un impact sur les établissements financiers et de change qui ont des engagements sur l’EUR et le CHF dont le PIB profite largement.

La parité entre le franc suisse et l’euro se profile dans les années à venir

Kalt, interviewé par cash.ch le 16 juin 2020, analyse la situation économique et nous donne un aperçu de l’évolution du franc face à l’euro. Alors que la BNS lutte contre l’appréciation du franc suisse depuis quelques années, il se pourrait bien que la tendance glisse vers une parité entre la monnaie européenne et la monnaie helvétique.

« Quand on parle d’années, le chemin est probablement vers la parité. La BNS a permis une appréciation contrôlée du franc suisse depuis l’abandon de la limite de prix inférieur de 1,20 CHF. Il tente d’empêcher des poussées d’appréciation fortes et rapides. » L’économiste se voulant rassurant et objectif explique que la BNS avait su maîtriser l’appréciation du franc.

À ce jour, en raison de la crise économique mondiale liée au COVID-19, la Banque Nationale suisse se veut prudente et se met en pause pour ne pas effrayer les investisseurs en raison du risque qu’ils encourent. Les conséquences économiques dues à l’épidémie du virus Corona n’en sont qu’à l’ordre de suppositions et restent incertaines pour les experts. Sachant que la crise sanitaire sévit toujours dans de nombreux pays, avec même une reprise de la transmission du virus pour ceux qui ont entamé leur phase de déconfinement, il est encore trop tôt pour prévoir une reprise saine de la bourse.

« Si le scénario économique souhaité continue de se développer correctement, l’euro peut se stabiliser entre 1,05 et 1,10. Ce serait un coup de chance pour la BNS. Mais si les marchés boursiers replongent et si les perspectives économiques se détériorent, la pression reviendra, c’est certain. », envisage Daniel Kalt l’expert d’UBS.

Il va falloir s’armer de patience pour confirmer ses propos. Même si la parité entre l’euro et le franc avait déjà été annoncée en 2015 après l’abandon du taux plancher, elle semble de plus en plus probable, dans ce contexte économique particulier.

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