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La force du franc suisse, est-ce fini?

La force du franc suisse, est-ce fini?

Publié le 4 sept. 2018

Pourquoi le franc suisse n'est-il pas plus fort?

Dans la classe des devises, le franc suisse a toujours fait figure d’élève brillant. Un élève conscient de sa valeur, de l’importance de sa monnaie, et de son parcours. Un électron libre qui se trouve souvent en opposition face aux élèves des autres pays européens, et avec des prises de position qui s’avèrent souvent judicieuses.

 

L’esprit suisse

Le CHF est sans doute la monnaie qui définit le mieux son pays. Ne serait-ce que sur le plan graphique, le visuel des billets a joué tôt la politique de la neutralité pour ne pas dresser les différents cantons les uns contre les autres. Une neutralité donc pour ne pas exacerber les jalousies inter-cantonnales. Mais cela ne retire en rien sa force ni sa position presque intacte sur le marché des valeurs. Car neutralité ne veut pas dire passivité, bien au contraire.

 

Les débuts du franc fort

Le franc suisse est entré dans la Confédération en 1845. Le but est de permettre à cette monnaie des transactions plus faciles. Mais il faudra patienter 20 ans avant que le CHF obtienne la parité avec le franc français, grâce au marché de l’Union Latine. Dès lors, le CHF ne cesse de se développer jusqu’à atteindre les sommets d’une monnaie refuge. Ainsi l’image du franc suisse donne l’exemple d’une monnaie à la fois stable et forte, par-delà les fluctuations européennes et mondiales. Le franc suisse est un chêne qui résistera aux tempêtes.

 

L’eldorado des années 20

Au début des années 20, alors que les monnaies européennes connaissent des crises significatives, le franc suisse parvient à se protéger tout en construisant les bases d’un futur prometteur. Malgré la dévaluation du mark allemand, la Suisse réussit à garder la tête hors du krach grâce à sa valeur or. De fait, beaucoup d’investisseurs choisissent alors la suisse qui deviendra le pays où la monnaie est la plus élevée du monde. Mais cette puissance monétaire se retourne presque contre le pays qui voit ses exportations diminuer et une hausse inquiétante du chômage dès les années 30.

 

Pouvoir de résistance

La guerre entraîne un rapprochement avec l’Allemagne et les banques suisses se remplissent d’or. Des 1970, les monnaies internationales sont soumises à l’offre et à la demande et une fois encore la Suisse parvient à tirer son épingle du jeu, même si cela encore une fois entraîne une hausse significative du chômage dans le pays. Malgré le krach boursier des années 80, la bulle immobilière éclate sans toutefois inquiéter sérieusement la confédération helvétique.

 

Insubmersible

Le franc suisse a su toujours se maintenir, malgré les tempêtes, face à toutes les monnaies mondiales. Durant la crise des subprimes qui a poussé la BNS à baisser ses taux à zéro, la Suisse a quand même retrouvé son identité de valeur refuge. Elle s’est ensuite tournée vers un taux plancher face à l’euro pour sauver le système de ses exportations.

 

Le secret

Quel est le secret de la stabilité du franc suisse? Nous avons vu que la Suisse a toujours su garder sa trajectoire malgré les crises qui ont secoué les marchés financiers. Beaucoup estiment que la solidité du pays s’explique par sa bonne santé économique. Mais il ne faut pas oublier non plus son très faible endettement. C’est important, à l’heure où de « grands » pays dépassent parfois un taux d’endettement de 100%, la Suisse quant à elle reste sagement en dessous des 30%. Et puis, les investisseurs n’ont jamais cessé de venir se recueillir sur les berges du lac, faisant grimper encore la valeur de la devise helvétique. D’autre part, dès 2016, la BNS a entrepris de renoncer au taux plancher afin de ne pas la fragiliser après les montées significatives du yen et du dollar. La Suisse ne manque ainsi pas d’acteurs pour gérer et faire fructifier sa fortune.

 

La stratégie du taux

Jusqu’en 2016, la Suisse avait acheté beaucoup d’euros pour ériger une sorte de plafond. Mais lorsque la BCE (banque centrale européenne) décide de rembourser ses dettes et d’injecter du cash sur les marchés, la Suisse ne peut plus garder des taux si faibles si elle veut rester une valeur refuge. Le choix de la BNS a été donc de conserver un franc fort et d’annuler le taux plancher pour booster le pouvoir d’achat. Pour autant, les industries suisses ont eu peur parfois de cette suprématie du franc fort même si l’équilibre n’a pas tardé à se remettre en place, toujours grâce à la puissance de cette monnaie refuge qui protège le pays contre vents et marées.

 

EUR/CHF

Pour celles et ceux qui s’intéressent à l’évolution du taux EUR/CHF il est clair que l’élection de Macron en France a amorcé une conjoncture favorable à l’euro. Ce renforcement de l’euro est une bonne nouvelle aussi pour une Suisse parfois pénalisée par son franc trop fort. Cela l’autorise à diminuer ses actions pour faire baisser le franc suisse et diminuer ses acquisitions d’Euros. D’ailleurs, fait significatif, le franc suisse s’est subitement relâché dès l’annonce d’une probable victoire de Macron aux élections.

 

Les Frontaliers

Si la situation française n’est pas pour déplaire à la Suisse, le Brexit en revanche reste un sujet de préoccupation pour les entrepreneurs suisses, en raison notamment de la suspension des accords bilatéraux. Rappelons que le Royaume-Uni reste le 5ème partenaire de la Suisse avec 5,4% des exportations. Il est vrai que les entreprises suisses ont dû depuis 2015 adapter sans cesse leur position sur le marché des valeurs. Avec l’euro florissant, certains observateurs expliquent que la BCE pourrait bientôt mettre en place une politique monétaire pour renforcer encore la puissance de la monnaie européenne, cela entraînant un impact positif sur les exportations helvétiques. Mais si la baisse continue du franc suisse peut inquiéter le frontalier, il faut aussi reconnaître que sur le long terme, les particuliers seront gagnants, ne serait-ce qu’au regard du marché immobilier. Pourquoi le franc suisse n’est-il pas plus fort? Parce que sans doute, il l’est déjà suffisamment, peut-être malgré lui, dans un contexte économique où les mentalités fluctuent comme les taux.

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