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Les migrants représentent-ils un danger pour l'économie des pays d'accueil?

Les migrants représentent-ils un danger pour l'économie des pays d'accueil?

Publié le 6 sept. 2018

Les migrants représentent-ils un danger pour l'économie des pays d'accueil?

Beaucoup se posent des questions sur les conséquences des flux migratoires sur l’économie. Des chercheurs, universitaires et spécialistes tentent d’apporter des réponses à des sujets parfois tabous et alimentés par la peur. Les chiffres quant à eux n’ont peur de rien. Ils parlent une langue que tout le monde est en mesure de comprendre dans le monde. C’est même sans doute une des langues les plus universelles. Les produits de ces études nous aident à décrypter un monde qui parait souvent très lointain, alors qu’il est bien souvent si près qu’il en devient invisible. Notre économie est-elle réellement en danger? L’aide que nous proposons ne peut-elle pas se retourner un jour contre nous? Devons-nous céder à la méfiance? 

 

Les études

Une très grande majorité des études en arrivent à la même conclusion. L’immigration ne serait en rien une menace pour l’économie. D’après le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’immigration ne produit aucun effet notable sur les fluctuations de l’économie. Au pire s’inscrivent-elles dans un indice positif. Il est par ailleurs intéressant de noter que l’inquiétant vieillissement de la population en Europe a grandement besoin de l’immigration pour assurer la descendance, ne serait-ce que pour les retraites… C’est la raison pour laquelle on peut d’ores et déjà parler d’effets positifs de situations complexes. Si l’intégration des migrants coûte cher, elle génère également des solutions positives sur le long terme.

 

Le constat

Les résultats de ces études mettent en avant que le lien entre immigration et chute des salaires ou montée du chômage est loin d’être prouvé. Il permet au contraire d’entrevoir plus sereinement la question du vieillissement de la population, tant sur le plan social que fiscal. Il semble que ce sujet alimente de façon récurrente les débats médiatiques. En réalité, les flux migratoires ou l’immigration sont très souvent perçus comme des menaces en ce qui concerne le marché du travail. Ils sont accusés de percevoir des aides sociales et de vider les caisses du pays. Or, c’est l’inverse qui se passe.  Si les immigrés reçoivent des aides, ils contribuent aussi au système en cotisant. Et si la contribution nette d'un immigré reste inférieure à celle d'un natif, la jeunesse des immigrés contribue à promouvoir un indice global positif.

 

Les craintes

Beaucoup ont peur que cette offre de travail produise un effet de contrainte négative sur les salaires. Plus de travailleurs conduit à plus de concurrence entre salariés. Cela va permettre à l’employeur de baisser les salaires. L’effet pourrait être négatif pour le natif qui travaille habituellement pour un salaire plus élevé. Dans le même temps, d’autres études montrent qu'une hausse de 10 % de la part des immigrés dans une même classe de compétence ferait baisser d'environ 3 % le taux d'emploi des natifs du même profil.

 

L’expertise des spécialistes

D’autres études ont montré que l'immigration entraînait une hausse des salaires des natifs. Par exemple, un accroissement de 10 % de l'immigration provoquerait une montée du salaire des non-migrants de 3 %. En fait, l’offre de travail supplémentaire que représente l’immigration serait finalement un moyen permettant au pays d’augmenter son PIB.

 

La loi

La circulaire Collomb veut faire la distinction entre migrants « politiques » et « économiques ». Les premiers seraient des « réfugiés » qu’il serait élégant d’accueillir (convention de Genève de 1951), les seconds des migrants économiques, donc déjà moins sympathiques. Pour commencer, on peut douter de cette circulaire qui n’apporte pas de réponse à la problématique suivante: quelles sont exactement les différences entre migrants « politiques » et « économiques ». Et l’on sait que les aspects politiques et économiques sont toujours inextricablement liés, d’une façon ou d’une autre. D’autres personnes vont avancer le fait que le parcours migratoire demande de l’argent et que beaucoup de migrants sont obligés de se livrer à des actes violents, vols, prostitution, milices, qui ne participent aucunement à la remontée du PIB.

 

La question humaine

Il est intéressant de comprendre que les migrations sont aujourd’hui des effets de la mondialisation. Ce phénomène d’une ampleur qui dépasse le cadre strict national n’est au fond qu’un mouvement social d’une nouvelle taille. Une taille qui a pris celle du monde tout entier et qui déstabilisent les politiques sociales et économiques. Des études ont montré que la répression de l’immigration n’avait aucunement fait baisser les arrivées. Au contraire, les situations sociales et sanitaires honteuses se sont même multipliées. C’est pourquoi il est utile de rappeler que les immigrés sont aussi des consommateurs qui boostent la demande globale et qui se positionnent pour optimiser leurs chances d’obtenir du travail, en Allemagne mais aussi en Angleterre, où il n’est pas utile d’avoir des papiers pour travailler légalement. D’autres études encore montrent le bien-fondé d’un monde de libre circulation qui prendrait en compte, sans tabou, cette réalité des migrations contemporaines.

 

Les mentalités

Le quotidien Le Monde a récemment expliqué que plus les politiques d’intégration sont efficaces, plus la contribution des migrants à l’emploi, aux finances publiques et à la croissance est positive. En même temps, les pays ne communiquent pas beaucoup sur les modalités de leur politique migratoire. Pendant ce temps, les embarcations de fortune font naufrage au large des côtes libyennes.  L’année dernière, quelques 538000 demandeurs d’asile auraient été accueilli par l’Union européenne, c’est à dire 25 % de moins qu’en 2016. Une fois encore, les peurs liées à l’impact économique continuent de bloquer les discussions. Les capitales européennes ne se sont jamais engagées avec autant de prudence.

 

Statu quo

Il n’est plus à prouver qu’une politique migratoire réfléchie pourrait subvenir à la dépense fiscale liée au vieillissement de la population. Il apparaît donc que réduire les flux migratoires aurait pour conséquence d’augmenter le coût fiscal. Sans flux migratoire, le niveau de la population perdrait 10% en 2050, générant un accroissement des dépenses de 1,3 point du PIB en France. Ce bilan très mitigé montre pour l’instant que l’Europe doit encore rassembler ce qui est épars pour gérer sereinement nos grands chantiers humanitaires.

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